Syntaxe

L'univers a-t-il réellement commencé ?
La théorie du big bang est-elle vraie ?
Ces questions n'en sont pas, malgré les apparences.
La syntaxe qui ne peut énoncer un fait sans lui attribuer un commencement, un développement, et une fin, est-elle la seule possible ?
Telle est la juste interrogation.
Il existe d'autres syntaxes.
Pour l'une d'elles, par exemple, les faits de la réalité ne sont que des variations d'intensité.
Selon elle, rien ne commence, rien ne finit.
La naissance n'est pas un événement net et précis, mais un degré particulier d'intensité.
De même pour la maturation, de même pour la mort.
Se fondant sur ses équations, un homme usant de cette syntaxe pense qu'il a calculé suffisamment de variations d'intensité
pour affirmer catégoriquement
que l'univers n'a jamais commencé
et ne finira jamais,
mais qu'il a connu, connaît et connaîtra
d'innombrables fluctuations d'intensité.
Et il en déduira sans doute que l'univers lui-même est le vaisseau de l'intensité
à bord duquel on peut embarquer
pour naviguer à travers de perpétuels changements.
Telles seront ses conclusions, et il ne s'arrêtera pas là,
sans jamais réaliser, peut-être,
qu'il ne fait que confirmer
la syntaxe de sa langue maternelle.

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